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Le bien-être au travail est-il une mode ou un vrai enjeu stratégique ?

Depuis quelques années, le bien-être au travail s’impose comme un sujet incontournable dans les entreprises, et pas seulement autour de la machine à café.

Portées par l’évolution des mentalités et l’influence des nouvelles générations, certaines entreprises prennent des initiatives sur les sujets tels que flexibilité des horaires, télétravail, espaces de détente ou coaching professionnel et bien d’autres encore.  Mais cette tendance est-elle réellement bénéfique aux entreprises, ou s’agit-il d’un simple phénomène de mode destiné à disparaitre ?

Le bien-être au travail a été longtemps relégué au second plan, aujourd’hui le bien être est perçu comme un levier de performance et d’attractivité. Malheureusement, beaucoup d’entreprises restent sceptiques et y voient un luxe ou une contrainte. Pour répondre à cette question, il est essentiel d’analyser tout d’abord, l’évolution historique de cette notion ensuite son impact économique et organisationnel et enfin les conséquences d’un manque de prise en compte du bien-être des salariés.

Une mode ou une tendance sociétale de fond ?

Le bien-être au travail n’a pas toujours été une priorité. Pendant des décennies, la performance des entreprises était mesurée uniquement en termes de productivité et de rentabilité. À l’ère de la révolution industrielle, les conditions de travail étaient souvent rudes : longues heures, cadences infernales et absence de considération pour la santé des ouvriers.

Ce n’est qu’au XXe siècle que des réflexions émergent sur la nécessité d’un environnement de travail plus humain. Les recherches d’Elton Mayo (1933) sur l’effet Hawthorne montrent que la satisfaction des employés influence directement leur engagement et leur productivité. Plus tard, Frederick Herzberg (1959) établit la théorie des facteurs de motivation, soulignant l’importance de la reconnaissance et des conditions de travail dans la performance.

Aujourd’hui, le bien-être au travail s’inscrit dans une mutation plus large de la société, où les salariés recherchent davantage de sens, d’équilibre et de reconnaissance. Selon le baromètre 2023 de Malakoff Humanis, 67 % des salariés français déclarent accorder une importance primordiale à la qualité de vie au travail dans le choix de leur emploi (Malakoff Humanis, 2023).

Les nouvelles générations, qui représentent une part croissante de la population active, privilégient un environnement de travail bienveillant et une organisation flexible. Le rapport Deloitte Global Millennial Survey 2023 révèle que 77 % des jeunes travailleurs considèrent la flexibilité comme un critère clé dans le choix d’un employeur (Deloitte, 2023).

Ces attentes poussent les entreprises à repenser leurs modèles pour rester attractives. Certaines adaptent leur culture de travail, tandis que d’autres se contentent d’initiatives superficielles à visée marketing.

Un levier stratégique pour la performance des entreprises

Un salarié épanoui est plus performant. Une étude de Harvard Business Review (2021) montre que les entreprises investissant dans le bien-être des employés constatent une hausse de 31 % de leur productivité et une réduction de 41 % de l’absentéisme (HBR, 2021).

Parmi les initiatives efficaces, on trouve bien évidemment la reconnaissance et la valorisation du travail, une culture d’entreprise bienveillante, une meilleure autonomie et flexibilité mais aussi un cadre de travail ergonomique et agréable et bien d’autre encore

Le stress et les mauvaises conditions de travail génèrent un coût énorme pour les entreprises. Selon l’Institut Sapiens, le mal-être au travail coûte 13 500 € par an et par salarié en France, soit 97 milliards d’euros au total (Institut Sapiens, 2022).

En investissant dans des actions préventives (gestion de conflits, gestion du temps, cohésion d’équipe,) les entreprises améliorent la rentabilité et réduisent les arrêts maladie.

Dans un marché de l’emploi tendu, les entreprises doivent se démarquer pour attirer les meilleurs profils. Selon une étude Glassdoor (2022), 53 % des salariés refuseraient un emploi si l’entreprise avait une mauvaise réputation en matière de bien-être (Glassdoor, 2022).

Les conséquences d’une absence de politique de bien-être

Un environnement de travail toxique peut avoir des effets désastreux. En 2023, l’Assurance Maladie a recensé plus de 10 000 cas de burn-out sévères en France, soit une hausse de 30 % par rapport à 2019 (Assurance Maladie, 2023).

Le stress chronique entraîne aussi une baisse de motivation et une hausse des erreurs professionnelles, nuisant à la compétitivité des entreprises.

À l’ère des réseaux sociaux et des plateformes d’évaluation des employeurs, les entreprises négligeant le bien-être risquent de voir leur marque employeur se détériorer. Un rapport LinkedIn (2023) indique que 72 % des candidats consultent les avis d’anciens employés avant de postuler (LinkedIn, 2023).

Les entreprises doivent garantir la santé mentale de leurs salariés sous peine de sanctions. L’article L. 4121-1 du Code du travail impose aux employeurs de prévenir les risques psychosociaux (Légifrance, 2023).

Un non-respect de cette obligation peut entraîner des amendes, voire des poursuites judiciaires en cas de mise en danger des employés.

Conclusion

Pour conclure, le bien-être au travail est bien plus qu’une tendance éphémère. Il représente un enjeu stratégique majeur qui impacte la productivité, l’attractivité et la rentabilité des entreprises. Les chiffres le prouvent : investir dans le bien-être réduit l’absentéisme, améliore la performance et favorise la fidélisation des talents.

Les entreprises qui considèrent le bien-être comme un simple effet de mode risquent de subir les conséquences d’un turnover élevé, d’un engagement en baisse et d’une mauvaise réputation. Celles qui adoptent une approche proactive, en intégrant le bien-être dans leur stratégie, se positionnent comme des employeurs attractifs et performants.

Dans un monde du travail en pleine mutation, le bien-être est devenu une nécessité et un facteur clé de succès. Les entreprises ont désormais le choix : subir cette évolution ou en faire un levier de différenciation et de croissance.

Sources

  • Deloitte (2023). Global Millennial Survey.
  • Harvard Business Review (2021). The Business Case for Well-Being.
  • Malakoff Humanis (2023). Baromètre de la santé et qualité de vie au travail.
  • Glassdoor (2022). Employer Brand Study.
  • Institut Sapiens (2022). Le coût du mal-être au travail en France.
  • Assurance Maladie (2023). Rapport sur les risques psychosociaux.
  • Légifrance (2023). Article L. 4121-1 du Code du travail.

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