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Les effets du présentéisme : quand être là ne suffit pas
Dans de nombreuses entreprises, la présence physique au bureau est souvent perçue comme un signe d’implication et de productivité. Pourtant, être là ne signifie pas forcément être efficace. C’est là que le phénomène du présentéisme entre en jeu : ces collaborateurs qui restent tard, viennent malades ou se noient dans des tâches inutiles sans réelle valeur ajoutée.
À première vue, cela peut donner l’impression d’une entreprise performante, où les employés sont investis. Mais en réalité, cette culture du « toujours là » peut nuire à la productivité, à la santé des salariés et même à la rentabilité de l’entreprise. Car être au bureau ne veut pas dire travailler efficacement, et parfois, l’illusion du travail peut coûter cher.
Qu'est-ce que le présentéisme ?
Le présentéisme est souvent décrit comme l’opposé de l’absentéisme, mais il est tout aussi problématique. Il désigne la présence physique d’un employé sur son lieu de travail alors qu’il n’est pas pleinement opérationnel. Il peut prendre plusieurs formes :
- Le présentéisme maladie : un salarié malade qui vient au bureau au lieu de se reposer, souvent par crainte d’être perçu comme peu engagé.
- Le présentéisme horaire : un collaborateur qui reste tard pour montrer son implication, même si son travail est terminé.
- Le présentéisme improductif : des heures passées sur des tâches sans réelle valeur ajoutée (réunions inutiles, traitement excessif des emails, multitâche inefficace).
Ce phénomène est particulièrement répandu dans les environnements où la culture d’entreprise valorise la présence plutôt que la performance.
Les conséquences du présentéisme
1. Une baisse de productivité
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le présentéisme ne favorise pas l’efficacité, bien au contraire. Un collaborateur fatigué, malade ou démotivé sera bien moins performant, même s’il reste plus longtemps au bureau.
Exemple concret : Un employé qui prolonge ses journées de travail au-delà du raisonnable finit par voir son attention et sa concentration diminuer. Il met alors plus de temps à accomplir ses tâches et multiplie les erreurs.
Au final, la quantité d’heures passées au bureau ne garantit pas un travail de qualité.
2. Une augmentation du stress et de la fatigue
Le présentéisme peut générer une fatigue chronique, qui s’accumule jour après jour. Rester tard, repousser ses congés, travailler malade… tout cela contribue à un stress permanent qui, à terme, peut mener à un burn-out.
Données chiffrées : Selon une étude de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), plus de 40 % des salariés français déclarent ressentir du stress lié au travail, et le présentéisme y joue un rôle clé.
Un collaborateur stressé devient moins performant, moins créatif et plus sujet aux erreurs.
3. Un impact négatif sur la santé
Un salarié qui vient travailler malade ne met pas seulement en péril sa propre santé, il met aussi celle de ses collègues en danger. La propagation des virus et la fatigue généralisée peuvent créer un effet boule de neige sur l’ensemble de l’équipe.
Exemple concret : Une personne atteinte d’une grippe qui vient travailler risque de contaminer plusieurs collègues. Résultat : une baisse de performance globale et des absences en cascade qui auraient pu être évitées.
À long terme, l’accumulation de fatigue et de stress peut aussi mener à des troubles musculosquelettiques (TMS), à des problèmes de concentration et à une baisse du moral général.
4. Une culture d’entreprise fragilisée
Lorsqu’une entreprise valorise plus la présence que la performance, elle envoie un message implicite à ses employés : ce qui compte, ce n’est pas d’être efficace, mais de paraître investi.
Conséquence : Les salariés peuvent alors se sentir obligés de rester tard sans raison, de limiter leurs pauses ou de venir au travail même lorsqu’ils ne sont pas en état de le faire.
Avec le temps, cela engendre une culture de méfiance et de compétition malsaine entre collègues, où l’on valorise ceux qui restent le plus longtemps plutôt que ceux qui sont les plus efficaces.
Comment lutter contre le présentéisme ?
1. Valoriser la qualité du travail plutôt que la quantité d’heures
L’efficacité ne se mesure pas au nombre d’heures passées au bureau, mais aux résultats obtenus. Encourager une culture basée sur la performance et la qualité du travail permet de casser cette logique du présentéisme.
Action concrète : Mettre en place des objectifs clairs et atteignables, et valoriser ceux qui les atteignent plutôt que ceux qui prolongent leurs journées inutilement.
2. Encourager un meilleur équilibre vie pro/perso
Un employé qui a un bon équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle sera plus motivé et plus efficace.
Actions possibles :
– Favoriser le télétravail lorsque cela est possible.
– Inciter les collaborateurs à prendre leurs pauses et leurs congés sans culpabilité.
– Supprimer les réunions tardives qui prolongent inutilement la journée de travail.
3. Instaurer une culture de la confiance
Les entreprises qui favorisent la confiance obtiennent des équipes plus engagées et plus performantes.
Exemple concret : Un manager qui donne de l’autonomie à ses équipes et qui valorise le travail bien fait plutôt que la présence physique crée un climat plus serein.
4. Sensibiliser et former
Le présentéisme est souvent inconscient. Former les managers et les collaborateurs à repérer ses signes permet de le limiter.
Actions possibles :
– Organiser des ateliers sur la gestion du temps et l’efficacité.
– Sensibiliser les équipes aux risques du burn-out.
– Mettre en place un suivi régulier pour détecter les signes de fatigue et de surcharge de travail.
Conclusion
Le présentéisme est un mal silencieux qui peut coûter cher aux entreprises, tant en productivité qu’en bien-être des collaborateurs. Il ne suffit pas d’être là pour être efficace.
Il est donc temps de repenser notre rapport au travail et de privilégier la performance réelle plutôt que l’illusion du travail. Car après tout, mieux vaut un collaborateur motivé et performant qu’un employé épuisé qui traîne au bureau jusqu’à 21h, non ?
En résumé :
- Le présentéisme nuit à la productivité et au bien-être des salariés.
- Il augmente le stress et favorise la fatigue chronique.
- Il détériore la culture d’entreprise et alimente des comportements inefficaces.
- Des solutions existent : valoriser la qualité du travail, encourager l’équilibre vie pro/perso, instaurer une culture de confiance et sensibiliser les équipes.
Et si on commençait dès aujourd’hui à valoriser la performance plutôt que la simple présence ?

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